Petit cadeau mal emballé…
C’est exactement à ça que tu ressemblais, petite minus, que j’appelais toutoune pour conjurer le sort. Malgré le fait que j’étais entourée d’une famille, j’ai vécu ta venue au monde dans la solitude, mais sans jamais me sentir vraiment seule. Difficile à expliquer mais j’essaierai…
Nous sommes le 17 octobre 1997. Huit semaines trop tôt ! On t’attend pour le 21 décembre! Tu peux pas patienter un tout petit peu?
À l’hôpital on me donne une injection de cortisone (pas certaine) pour faire mûrir tes poumons au cas où, et demain j’en aurai une autre; en attendant je dois rester aliter.
Avec toute la tristesse qui m’habite je demande à l’infirmière « pourquoi elle ne veux pas rester avec moi? Elle n’est pas bien? » Sa réponse est la plus chaleureuse, la plus humaine : cette dame se met à pleurer avec moi! Tout à coup je me sens moins seule: quelqu’un comprend; cette inconnue ressent ma peine. Ce n’est pas seulement de la compassion, c’est de l’empathie, la vraie…
Finalement ça n’ira pas plus loin que trois jours… tu débarques dans nos vies le 20 octobre à 2h27 du matin avec ton gros 3,5 lbv (1,590 g)!!
Mais bonne nouvelle tu respire toute seule, tes poumons sont asser matures, grâce à la fameuse injection… mais pour te nourrir, on doit te gaver par le nez et on place des électrodes sur ta poitrine pour observer ta fréquence cardiaque.
J’aurai besoin de 24 heures avant de pouvoir te prendre dans mes bras… j’ai trop peur; tu es si petite, si fragile et je me sens si coupable.
On place un oreiller sur mes genoux, on me donne du temps; et puis on te dépose dans mes bras : c’est le choc! Un tsunami d’émotions! Que tu es belle… tu me dévisage avec tes yeux sans cils ni sourcils… et tu me regardes jusqu’au fond de l’âme; on se reconnaît…
J’ai la certitude que tout ira bien, mais en attendant je te berce, je caresse ta petite tête, je sens que des anges tournent autour de nous; je jure que je les entend rirent, des petits rires pleins de tendresse… parce que nous sommes en quelque sorte, au ciel. Toutes les deux dans notre petite bulle de lumière.
Tu es déjà une battante, pleine de sérieux devant la vie; je sens toute l’énergie qui habite ton petit corps; tu veux vivre ma fille, tellement, et tu vivras!
Pendant tout un mois, à tous les jours, je suis là… j’arrive, tu dors, au son de ma voix , je te vois faire de gros efforts pour sortir de ton sommeil; t’as l’air d’un p’tit chat qui dort juste d’une oreille pour ne rien manquer.
Au début j’ai pensé que tu t’étais peut-être senti rejeté par moi, que toute ta vie serait teintée d’une sorte de vide à combler. Qui sait! Les choses sont souvent complexes, les réponses jamais simples…
Mais au final, je crois que cette naissance hâtive aura été la plus belle des aventures, parce qu’au fond ça nous a permis de faire connaissance, sans se presser… s’apprivoiser en douceur.
Pour moi c’est une belle histoire, un beau conte, que je chérirai toute ma vie; petite extra-terrestre sans enrobage…
Tout ça est derrière nous maintenant depuis longtemps déjà, quelle jeune femme magnifique tu es aujourd’hui!!
Une fille pleine de vie, de compassion et d’empathie… comme ce bel ange vêtu de blanc ☺️
Mom 🦋
